
Il est impossible de parler du plus récent opus (High Heart) du saxophoniste ténor Ben Wendel sans mentionner maintes et maintes fois l’énergie éclatante et les mélodies tortueuses qu’il offre. Wendel, fantastiquement à l’aise sur les styles de rythmes en croches et doubles-croches, propose encore une fois sa formule de jazz moderne lyrique aux grooves dansants et atmosphères planantes.
High Heart – un son massif et un style de mix compressé et dynamique
Cette fois-ci, la production y est plus massive que sur Seasons. On a ici un style de mixage très compressé, saturé et dynamique qui nous rappelle les albums récents de Braxton Cook ainsi que le légendaire Hard Normal Daddy de Squarepusher. La batterie a un son presque garage, très métallique et graveleux. Le jeu de batterie de Nate Wood est remarquable sur High Heart. Avec du groove monstrueux aux gymnastiques mentales et physiques dignes de Dennis Chambers ou plus récemment Eric Harland, Wood injecte une énergie incroyable dans le son du groupe.
La voix de Michael Mayo, quelle bonne idée!
Et quelle bonne décision d’arrangement de Wendel, que d’intégrer de la voix dans sa musique. Je pense immédiatement à mes albums préférés du Pat Metheny Group quand j’entend les claviers cascadants et ces mélodies sophistiquées chantées par une voix humaine. Michael Mayo a un timbre de voix gracieux qui s’agence parfaitement avec le saxophone ténor ardent post-bop de Wendel. Également des notes d’oeuvres de Kurt Rosenwinkel comme Number Ten par-ci et par-là. N’oublions pas Shai Maestro et Gerald Clayton (qui a récemment sorti un album Live au Village Vanguard que j’adore), tous deux aux pianos et Fender Rhodes. Ils épaississent la texture de l’album aux côtés de Joe Sanders à la contrebasse.
J’écoute en boucle Drawn Away et Darling
Mes morceaux préférés que j’écoute en boucle : Drawn Away (solo de piano bluesy incroyable; trades fabuleuses entre le ténor et le Fender Rhodes) et Darling, avec des textures dans l’introduction me faisant vaguement penser à deux de mes albums préférés, OK Computer et Kid A de Radiohead (ce genre d’univers planant à la Radiohead revient quelques fois au court de l’album). Une réflexion de Ben Wendel sur comment les artistes “créent de l’art personnel et significatif dans une ère de plus en plus impersonnelle”, High Heart est un maelstrom d’idées et d’influences étourdissant, enivrant et surtout irrésistible. Allez faire vous-même l’écoute de cet opus; je vous donne ma parole que vous y prendrez un plaisir fou.
Le graphiste de l’album est l’oeuvre du designer britannique Oli Bentley et intègre avec beauté le message véhiculé par l’album.
Ben Wendel : sax tenor, EFX, bassoon / Michael Mayo : voix / Shai Maestro : piano, Fender Rhodes / Gerald Clayton : piano, Fender Rhodes / Joe Sanders : contrebasse / Nate Wood : batterie
High Heart / Burning Bright / Kindly / Less / Drawn Away / Fearsome / Darling / Traveler
Alex Muscalu : alexandre.muscalu@mail.mcgill.ca
Alex Muscalu est une guitariste actif sur la scène musicale de Montréal et du Québec, branché sur les nouvelles tendances en jazz. Tout en poursuivant ses études à l’Université McGill il souhaite nous communiquer son amour de la vie et des gens à travers la musique. Pour lire les autres chronique d’Alex, c’est ici