
Suite au succès du premier concert en streaming du Billy Hart Quartet au Village Vanguard, le plus vieux club de jazz de la planète poursuit cette initiative et présente les 20-21 juin le pianiste Vijay Iyer en trio avec le bassiste Nick Dunston et le batteur Jeremy Dutton. J’ai discuté avec Vijay a propos de ses influences, ce qui l’a allumé au piano, Thelonious Monk, la sérénité, et un moment musical WOW.
Vijay Iyer, un favori de la jeune génération jazz et de la planète jazz
La grande qualité et focus des projets du pianiste Vijay Iyer en font un des favoris de la jeune génération jazz et chouchou de la planète jazz. A ce titre le jeune pianiste d’une quarantaine d’années s’est déjà mérité plusieurs reconnaissances du magazine Downbeat et du millieu. Il a collaboré avec Steve Coleman, Wadada Leo Smith, Rudresh Mahanthappa et plusieurs autres. La souplesse de son jeu et sa musique est supporté par l’innovation, la créativité et un esprit d’aventure. Sa musique est puissante, virtuose, réfléchie, viscérale, et très vivante.
Ta musique est superbe, puissante et audacieuse, quelles sont tes influences ?
Vijay Iyer – Ce sont des expériences spécifiques, musiciens et gens dans ma vie, et des idées que je tente de développer depuis longtemps, en fait c’est l’histoire de la musique et l’histoire des idées. Coltrane aspirait a un idéal, c’était un chercheur, il lisait beaucoup, essayait plein des formules, expérimentait beaucoup, il créait influencé par les idées de ses prédécesseurs. Des gens comme Lester Young, Coleman Hawkins, Sonny Rollins, Charles Parker, Dizzy Gillespie, Thelonious Monk, Miles Davis, il créait a partir de ce qu’il entendait, d’idées spécifiques et de façons de faire.
Je travaille avec des idées et des gens. J’ai étudié beaucoup de musique, tout ces musiciens que j’ai nommé, mais aussi beaucoup de vocalistes et de traditions rythmiques, et des musiques d’ailleurs au monde, l’Afrique Centrale et de l’Ouest, des Caraïbes, du Nord de l’Inde, de l’Indonésie, de Java, le gamelan, le Japon, du hip-hop et de la musique électronique. Aussi j’ai grandi en étudiant le violon pendant une quinzaine d’années, dans des orchestres, des quatuors a cordes, musique de chambre et dans cette grande famille.
Vijay Iyer, qui as-tu entendu plus jeune qui t’a allumé au piano ?
Vijay Iyer – La première pianiste que j’ai entendu est ma soeur, au début j’ai appris a l’oreille petit a petit pendant que j’étudiais le violon. Je ne voulait pas devenir pianiste en tant que tel, le piano était une zone de recherche et d’exploration et ce n’étais pas en relation avec des morceaux au piano. Quand j’avais 13-14 ans j’ai commencé à écouter des gens qu’on pourrait catégoriser dans le jazz mais celui qui m’a vraiment allumé au piano c’est Thelonious Monk. Dans les années 80 j’écoutais Herbie Hancock, Keith Jarrett, Kenny Kirkland, Red Garland, Michel Petrucciani, pour en nommer quelques-uns mais c’est Monk avec qui j’ai connecté. Quand j’entendais un virtuose comme Oscar Peterson ça ne me touchait pas, mais avec Monk on était dans la même famille.
Une des choses qui te plait beaucoup c’est d’être calme et immobile, mais avec tout ces projets la vie est loin d’être calme et sereine, comment tu fait ?
Vijay Iyer – En fait il y une certain sérénité quand on joue de la musique, ce focus et courant qui passe peut subjuguer et d’une certaine façon éclipser le monde extérieur. Je dit souvent à mes étudiants que lorsqu’on joue il y une partie de nous qui ne joue pas, qui est immobile et qui observe.
Tu as joué avec une foule de musiciens dans toutes sortes d’environnements, parlez-nous d’un moment WOW qui t’a marqué…
Vijay Iyer – Il y en a deux qui me viennent spontanément, et les deux sont en quelque sorte similaires. Le premier c’est le saxophoniste Roscoe Mitchell, je l’ai entendu souvent dans les années 90 et j’ai commencé à jouer avec lui au début des années 2000. Il réussit à brasser et bousculer la conscience de ce que la musique peut être, ce qu’elle peut faire, ce qui la compose, ce qu’elle peut accomplir, au début j’étais subjugué et je me disais, ce n’est pas de la musique…mais qu’est-ce que c’est ? J’étais dans la vingtaine et je n’avais jamais rien vécu de comparable. Je ne savais pas que la musique pouvait être ça, une pure exploration sonore, sans notes. Je l’ai vu dans toutes sortes de configurations, avec le Art Ensemble de Chicago, en solo, en duo, etc, et je me suis retrouvé à ses côtés, dans ses groupes, sur scène et vivant cette expérience à ses côtés. L’autre c’est la violoncelliste
Okkyung Lee, elle avait joué avec moi et m’avais invité la voir jouer au Tonic qui est maintenant fermé. Elle avait un trio
avec un joueur de table tournante et un batteur, encore je ne savais que la musique pourrait être comme ça. Quelques années plus tard elle donna un concert à Harvard et c’était un moment révolutionnaire, très électrifiant, une grande oeuvre d’art, une performance audacieuse, j’étais plus qu’impressioné, j’étais abasourdi.
https://vijayiyer.bandcamp.com/
A venir sur le Livestream Village Vanguard :
• Sam 21 juin 19h – Dimanche le 22 juin 14h – Vijay Iyer Trio avec Nick Dunston et Jeremy Dutton
• Samedi le 27 juin 19h – Dimanche le 28 juin 14h – Joe Martin Quartet avec Mark Turner, Kevin Hays et Nasheet Waits
• Samedi le 4 juillet 19h – Dimanche le 5 juillet 14h – Joe Lovano Trio Fascination avec Ben Street et Andrew Cyrille
• Samedi le 11 juillet 19h – Dimanche le 12 juilet 14h – Eric Reed Quartet avec Stacy Dillard, Dezron Douglas et Jeremy Bean Clemons
Billets : 7$ sur villagevanguard.com
Claude Thibault, éditeur – contacter / Facebook
C’est pour soigner son blues post-FIJM 2002 (après toute cette extravagance musicale le quotidien en prenait un coup!) que Claude lançait le 1e janvier 2003 la toute première version de sortiesJAZZnights.com. 16 ans et quelques versions plus tard l’aventure et la mission de faire connaître le jazz d’ici se poursuit!