Makaya McCraven @ FIJM (27 juin) Charlotte a vu !

Makaya McCraven

Comme un seul cœur qui battait en même temps dans 500 poitrines, le batteur américain Makaya McCraven jouait le 27 juin au Club Soda pour le 45e Festival international de Jazz de Montréal.



Theon Cross en première partie


En première partie, le tubiste britannique Theon Cross était accompagné de Nikos Ziarkas (guitare, basse), James Akers (saxophone ténor) et Nadav Shneerson (batterie). Il présentait des oeuvres de son album à venir: Affirmations, Live at Blue Note Records. L’utilisation du tuba à la fois comme basse et comme instrument mélodique m’a impressionnée, tout comme la créativité du guitariste et l’esprit narratif intense. Le groupe a ensuite laissé place à la tête d’affiche.




Makaya McCraven s’est abattu sur sa batterie hier soir avec la rage et l’amour de tout ce qu’il porte en son humanité


Bâti comme un guerrier ancien, avec les muscles qui saillent à travers son chandail noir et la gravité d’un homme que le devoir appelle, Makaya McCraven s’est abattu sur sa batterie hier soir avec la rage et l’amour de tout ce qu’il porte en son humanité. Pour moi, il incarne par sa musique la puissance du peuple.



Avec Joel Ross au vibraphone et Josh Johnson au saxophone tenor


Trois musiciens et compositeurs primés se joignaient à McCraven pour faire vivre des pièces de son 11e album, In These Times. Joel Ross était au vibraphone, avec son mélodisme angulaire, son inventivité espiègle et son chapeau seau. Josh Johnson, au saxophone ténor, s’est prouvé as du développement motivique, mais aussi constante du rythme, surtout dans The Title, qui se déploie sur un ostinato délectable.





Junius Paul à la basse


Au centre de la scène, l’honorable Junius Paul alternait à la basse des fondations patientes, obstinées, et des improvisations lyriques que j’aurais appréciées davantage avec une meilleure définition sonore. La batterie étant placée en avant-scène, côté cour, les spectateurs pouvaient observer avec avidité le cataclysme qui faisait vibrer la salle. Tout près du public, McCraven nous a livré plusieurs solos glorieux, dont un de plusieurs minutes où il mêlait technique et émotion.




Des pièces aux motifs simples d’une seule note répétée à l’infinie et jouée avec intégrité à chaque fois


Theon Cross comme Makaya McCraven nous ont présenté ce soir des pièces aux motifs simples, germant souvent du terreau fertile d’une seule note répétée à l’infinie et jouée avec intégrité à chaque fois. Quoi que la modulation des textures instrumentales et intensités m’a gardée en haleine jusqu’à 23h30, le point central de la performance m’a semblé être la vérité.


Cela me rappelle que les musiciens étaient et sont encore des prophètes, transmetteurs à la fois d’une mémoire ancestrale mais aussi d’une révolte de chaque instant.


Je me réjouis de m’être vue entourée d’un public plutôt mixte en termes d’âge, qui se laissait habiter par les rythmes enlevants et criait son appréciation. Pour des jeunes qui cherchent un « buzz », ce spectacle est encore meilleur qu’un rave à Barcelone sur la MD. C’est beaucoup plus sain aussi. Et je souhaite que ma génération se rassemble davantage devant des spectacles vivants comme celui-là.


Avant sa dernière pièce, Hungarian Lullaby, McCraven remercie le public d’être présent au concert, et de s’appuyer mutuellement. Les robots ne pourront jamais nous enlever notre capacité de nous réunir, dit-il.



Le groupe s’est laissé désirer alors que le parterre enthousiaste en redemandait encore, et ont joué une pièce toute simple en rappel avant de s’éclipser pour la nuit.



Photos : Frédérique Menard-Aubin et Charlotte Désilets


première partie :

Theon Cross – tuba
Nikos Ziarkas – guitare, basse
James Akers – saxophone ténor
Nadav Shneerson – batterie

deuxième partie :

Makaya McCraven – batterie
Joel Ross – vibraphone
Josh Johnson – saxophone ténor
Junius Paul – basse


Makaya McCraven @ Festival International de Jazz de Montréal
Vendredi le 28 juin 2025 @ Club Soda


Charlotte DésiletsCharlotte Désilets : charlotte.desilets@gmail.com

La chanteuse de jazz et comédienne Charlotte Désilets nous raconte les passionnants concerts et ses rencontres avec les artistes de la grande famille du jazz.

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