Angels Around, c’est un retour aux sources pour le guitariste Kurt Rosenwinkel en trio avec Dario Deidda et Gregory Hutchinson.
Angels Around, un album de trio classique guitare jazz
Kurt Rosenwinkel est un homme n’ayant plus besoin d’introduction. Depuis son arrivée sur la scène aux débuts des années 90, le guitariste-compositeur (et pianiste) post-bop nous a fait comprendre qu’il est rempli de talent et de surprises. Cependant, après avoir bouleversé une génération en lançant des opus audacieux tels que The Next Step (2001) et Heartcore (2003), il semblait que la machine Rosenwinkel commençait à se faire répétitive. Aujourd’hui par contre, suivant le vent de fraîcheur de Caipi (2017), Kurt nous propose Angels Around, un album de trio classique guitare jazz.
Le son de Kurt et Ugly Beauty
Dès que l’on pose l’aiguille sur le disque, la première chose qui nous frappe est le son de guitare de Kurt. Rappelant le son de la Roland synth-guitar de Pat Metheny ou la Synthaxe de Allan Holdsworth, le guitariste nous fais également penser à Jim Hall dans les fréquences basses et Bill Frisell dans les fréquences hautes. Chapeau bas au guitariste Philadelphien, qui sait réinventer et rafraîchir sa palette de sons même après tant d’années. La version groovante de Ugly Beauty de Monk a un rythme « latin » intriguant ; dommage que le rythme devient redondant après la quatrième minute de musique. Heureusement que Greg Hutchinson interagit activement aux fûts et aux cymbales.
L’énergie explose sur Ease It (Paul Chambers)
Lorsque les jazzmen s’attaquent au blues sur Ease It de Paul Chambers, l’énergie explose instantanément. Greg Hutchinson injecte de l’énergie dans le swing par ses interventions, comme Elvin Jones le faisait, tandis que Kurt rappelle les envolées de Coltrane et de Joe Henderson. Après le solo de basse électrique fretless de Dario Deidda au son (trop) feutré, Kurt et Greg nous offrent des trades excitantes qui nous font attendre le reste de l’album.
Self Portrait in Three Colours, Simple #2 et Punjab
Après que s’ensuit un Self Portrait in Three Colours de Charles Mingus très relaxant et méditatif, ainsi qu’une belle composition de Rosenwinkel intitulée Simple #2 qui démontre des influences de Led Zeppelin et Black Sabbath, le trio nous offre Punjab, une de mes pièces favorites de Joe Henderson. Les prouesses virtuoses de guitare et de batterie ne cachent pas la grande énergie et l’inventivité des improvisateurs, et la walking-bass de Deidda pousse le rythme de la pièce et nous fais danser de la tête.
Time Remembered
Arrivé à Time Remembered de Bill Evans et Angels Around de Deidda, une réalité me percute : le mix de l’album ne me plait pas. La basse est trop présente, les fréquences basses bien trop pulsatives, et la cymbale ride trop en arrière du mix. Heureusement que la sublime musicalité et les dynamiques de Kurt et Greg sauvent la partie pour moi.
Angels Around, un bon album avec trois des meilleurs musiciens de jazz actuels
En conclusion, l’inventivité de Angels Around s’arrête aux sonorités de guitare et aux solos improvisés des musiciens. Si vous êtes en recherche d’un album aux arrangements et compositions musicales très novatrices, ceci n’est pas votre trouvaille. Angels Around reste, en substance, très conventionnel et traditionnel. Mais ne portez point jugement : vous y entendrez trois des meilleurs musiciens de jazz actuels jammer et improviser entre eux. Recommandé surtout aux guitaristes et batteurs jazz qui cherchent à écouter quelques performances inspirantes.
Kurt Rosenwinkel : guitare / Dario Deidda : basse électrique fretless / Gregory Hutchinson : batterie
Ugly Beauty / Ease It / Self Portrait in Three Colors / Simple #2 / Punjab / Time Remembered / Angels Around
Alex Muscalu : alexandre.muscalu@mail.mcgill.ca
Alex Muscalu est une guitariste actif sur la scène musicale de Montréal et du Québec, branché sur les nouvelles tendances en jazz. Tout en poursuivant ses études à l’Université McGill il souhaite nous communiquer son amour de la vie et des gens à travers la musique.
