
Collectif américain versant dans le jazz fusion particulièrement éclaté, Kneebody revient avec Reach (2025), un neuvième album qui conjugue continuité et renouveau, et témoigne de la vitalité intacte d’une formation soudée par plus de vingt ans de création commune.
Formé en 2001, Kneebody a toujours cultivé une approche hors-norme du jazz
Formé en 2001, le groupe a toujours cultivé une approche hors-norme du jazz, embrassant un spectre large allant du rock progressif à l’électro, en passant par la soul et le hip-hop. Avec le départ du bassiste Kaveh Rastegar en 2019, le batteur Nate Wood réinvente la dynamique du groupe en assurant également la basse, une prouesse technique qui redéfinit le groove du groupe. Mon collaborateur Claude Thibault et moi-même avons d’ailleurs eu la chance de les voir à l’œuvre en début d’année au NYC Winter Jazz Fest, où les musiciens ont laissé libre court à cette même énergie brute que l’on retrouve sur Reach (2025).
Repeat After Me et Reach imposent un son à la fois dense et percutant
Les musiciens donnent le ton dès la les premières pièces. Signées par le brillant saxophoniste Ben Wendel, Repeat After Me et Reach imposent un son à la fois dense et percutant. La première s’appuie sur une formule rythmique obstinée, martelée avec une précision redoutable par la batterie-basse simultanée de Nate Wood, alorsque la seconde évoque un dancefloor électro porté par une pulsation en dix temps. Ces morceaux conjuguent synthés psychédéliques, grooves funk et énergie rock, trouvant un équilibre parfait entre complexité d’écriture et facilité d’écoute, ce qui constitue la marque de commerce Kneebody.
Les compositions du trompettiste Shane Endsley, notamment Natural Bridge et Top Hat introduisent une dimension plus organique
Les compositions du trompettiste Shane Endsley, notamment Natural Bridge et Top Hat, introduisent une dimension plus organique. Inspirée de la musique old-time, la première intègre des motifs r&b dans un canevas jazz, où les cuivres dialoguent avec élégance. La seconde, plus nerveuse et syncopée, nous propulse dans une esthétique plus futuriste grâce à des ruptures rythmiques et un habillage électronique dense. On sent dans ces morceaux une volonté de repousser les limites formelles tout en préservant une dynamique de groupe soudée, où l’expression individuelle s’inscrit dans une vision collective.
Pour finir, les deux pièces du claviériste Adam Benjamin offrent des moments plus contemplatifs
Pour finir, les deux pièces du claviériste Adam Benjamin offrent des moments plus contemplatifs. Glimmer se distingue par sa clarté mélodique et sa simplicité, portée par un piano délicat et des cuivres en contrepoint plus diffus. La ballade Long Walk, avec son atmosphère filmique, dessine les contours d’un paysage évanescent vu à travers une lentille électro-jazz.
Quant à Say So, pièce de clôture signée par Ben Wendel, elle insuffle une dose d’optimisme avec ses riffs accrocheurs et sa montée en intensité parfaitement maîtrisée. En somme, Reach (2025) poursuit le travail méticuleux et audacieux des précédentes parutions, à l’image d’une formation en perpétuelle métamorphose.
Repeat After Me / Reach / Natural Bridge / Glimmer / Another One / Top Hat / Lo Hi / Long Walk / Say So
Ben Wendel – saxophone
Shane Endsley – trompette
Adam Benjamin – claviers
Nate Wood – batterie / basse