
La superbe et très aimée chanteuse de jazz américaine Sheila Jeannette Jordan, née Dawson le 18 novembre 1928 à Détroit (Michigan) est décédée le 11 août 2025 à New York. Dans ses derniers concerts, elle chantait Sheila’s Blues, mêlant mots et blues pour raconter sa vie. Ses derniers spectacles au Québec ont eu lieu au Upstairs pendant le FIJM en 2023 et au Festival Québec Jazz en juin en 2021.
« Sans la musique jazz, je ne serais pas vivante aujourd’hui. »
« Sans la musique jazz, je ne serais pas vivante aujourd’hui. » Disciple acclamée de Charlie Parker, Sheila Jordan a consacré sa vie à transmettre l’héritage du bebop, racontant dans ses chansons ses rencontres avec les musiciens légendaires qui l’ont inspirée. Sheila découvre à l’École secondaire, Now’s the Time de Charlie Parker & His Re-boppers. Adolescente, elle se faufile derrière les clubs pour écouter son héros.
Charlie Parker invite Sheila Jordan sur scène
En 1942, elle chante et joue du piano dans les clubs de Détroit, au sein du trio vocal Skeeter, Mitch and Jean, qui adapte les solos de Parker à la manière de Lambert, Hendricks & Ross. Présente à presque tous les concerts de Bird, elle est invitée sur scène par lui pour la première fois avec ce trio. C’est au début des années 1950 qu’elle s’est installée à New York.
En 1951, elle étudie la théorie musicale avec Lennie Tristano et Charles Mingus
En 1951, elle étudie la théorie musicale avec Lennie Tristano et Charles Mingus, puis épouse Duke Jordan, pianiste de Parker. Bird l’appelle « la chanteuse à l’oreille à un million de dollars ». À New York, elle se produit avec Herbie Nichols.
Sheila Jordan a réalisé ses premiers disques au début des années 1960
Au début des années 1960, Sheila Jordan a réalisé ses premiers disques, dont The Outer View avec George Russell qui contient une version devenue célèbre de You Are My Sunshine. Ensuite elle ensuite chanté dans des églises ; elle a participé au groupe du tromboniste Roswell Rudd, chanté en duo avec Jeanne Lee et contribué à l’opéra Jazz Escalator Over The Hill de Carla Bley.
En 1962 elle enregistre Portrait of Sheila, le premier album vocal sur Blue Note
En 1962 elle enregistre Portrait of Sheila, le premier album vocal de l’histoire de Blue Note. Sa voix aérienne, juste et sensible y brille par sa musicalité.
La toxicomanie de son mari provoque leur divorce
Cette même année, la toxicomanie de son mari provoque leur divorce. Sheila élève seule sa fille Tracey, travaillant comme secrétaire pendant vingt ans. Elle chante et se produit ponctuellement dans les clubs, regagnant en visibilité dans les années 1970, notamment lors d’un concert télévisé en Norvège.
De 1970 à 1998
Au milieu des années 1970, elle a chanté régulièrement avec Roswell Rudd. En 1977 elle a enregistré un album avec Arild Andersen et en 1983 a été édité son premier album en duo en collaboration avec le bassiste Harvie Swartz (Old Time Feeling). Vers la fin des années 1970, elle s’est fait accompagner par le trio du pianiste Steve Kuhn. Elle a accompagné régulièrement George Gruntzen Europe. En 1998 elle a intégré le trio de Steve Kuhn (avec Steve Kuhn, David Finck et Billy Drummond) et a aussi participé, en compagnie de Theo Bleckmann, à l’album dédié au souvenir de Charlie Parker et Miles Davis.
Sheila Jordan – figure pionnière et héritière dévouée du jazz
Pédagogue passionnée, Sheila donne des classes de maître à travers le monde, participe à des ouvrages pédagogiques et publie son autobiographie Jazz Child – Portrait of Sheila Jordan. Elle transmet le blues, le scat et les réharmonisations de Parker, insistant sur l’étude rigoureuse de la tradition du bebop et des versions originales. Figure pionnière et héritière dévouée du jazz, Sheila Jordan a marqué la scène par son engagement et sa fidélité à l’esprit du bebop.
On reconnaît sa signature dans l’improvisation de paroles, sa diction rapide et espiègle, et son jeu créatif sur l’intonation
En 1983, elle revient sur scène en duo avec le contrebassiste Harvie S, formation conseillée par Mingus. Elle poursuivra ce format plus de dix ans avec Cameron Brown. On reconnaît sa signature dans l’improvisation de paroles, sa diction rapide et espiègle, et son jeu créatif sur l’intonation.
L’enseignement
Sheila Jordan a dirigé des ateliers de jazz à partir de 1978 au City College de New York, s’est occupée avec Jay Clayton des programmes du Festival de Jazz en juillet à l’Université du Massachusetts et a donné des cours à l’Université Stanford. Judi Silvano et Sabine Kühlich ont été entre autres ses élèves.
Discographie
Portrait of Sheila (Blue Note, 1963) – enregistré en 1962
Confirmation (East Wind, 1975)
Sheila avec Johnny Knapp (Grapevine, 1977)
Sheila avec Arild Andersen (SteepleChase, 1978) – enregistré en 1977
Playground avec Steve Kuhn (ECM, 1980) – enregistré en 1979
Old Time Feeling avec Harvie S (Palo Alto, 1983) – enregistré en 1982
The Crossing (BlackHawk, 1984)
Body and Soul (CBS/Sony, 1987)
Lost and Found (Muse, 1990)
Songs from Within avec Harvie Swartz (MA, 1993)
One for Junior avec Mark Murphy (Muse, 1993)
Heart Strings (Muse, 1994)
Jazz Child avec Steve Kuhn (HighNote, 1999)
Sheila’s Back in Town (Splasc(h), 1999)
The Very Thought of Two avec Harvie Swartz (MA, 2000)
Little Song avec Steve Kuhn (HighNote, 2003)
Believe in Jazz avec Serge Forté Trio (France 2004)
Celebration avec Cameron Brown (HighNote, 2005)
Straight Ahead (Splasc(h), 2005) – enregistré en 2004
Winter Sunshine (Justin Time, 2008)
Live At Mezzrow (Cellar Live, 2022) – enregistré en live en 2021
Comes Love: Lost Session 1960 (Capri Records, 2021)
Festival Québec Jazz en juin 2021 – Sheila Jordan, Manuel Valera’s New Cuban Express et Chuck Lamb