
Toute la bienveillance que je voudrais donner au monde, je l’ai reçue dimanche (29 juin) au concert de Dianne Reeves et Romero Lubambo, au Théâtre Maisonneuve.
Toute dorée dans sa tunique de soie rose, les cheveux dénoués, Dianne Reeves jette un coup d’oeil complice au guitariste à sa droite, badin et d’un blanc étincelant. Un bouquet de fleurs rouges et jaunes les sépare.
Mêlant arpèges et accords, Romero Lubambo initie une progression désarmante, à laquelle la chanteuse commence à se balancer, les sourcils légèrement froncés. La mélodie qu’il donne aux cordes basses est pleine de tendresse, et le son de l’instrument est sublime, merveilleusement équilibré. Je voudrais bien qu’on vienne m’abrier de cette affection par jours de grands froids.
Oohh. Un seul souffle, une seule voyelle suffit pour que Reeves nous prenne par la main de sa voix aimante. C’est Dreams, de Fleetwood Mac, qu’elle a choisi de chanter en premier. “You say you want your freedom. Well, who am I to keep you down?”. Après quelques refrains, elle se met à nous parler en chantant, saluant sa vieille amie qu’est Montréal, et nous souhaitant la bienvenue dans son grand salon. On comprend qu’il n’y pas de différence entre le parlé et le chanté pour Reeves. Chaque instant est une opportunité de créer du beau, de faire du bien.
“Vous pouvez tapper dans vos mains, crier Amen, danser dans l’allée. C’est un espace d’art et nous y sommes libres.” Nulle surprise que je sois fondue en larmes à plusieurs reprises ce soir-là.
Le duo enchaîne avec What’s New (B. Haggart et J. Burke), Café (E. Gismonti) et Someone To Watch Over Me (G. et I. Gershwin). Les musiciens dialoguent avec simplicité et émotion. Les amateurs de Bobby McFerrin adoreraient le scat de Reeves, qui explore avec laisser-aller des sons vocaux variés.
Dans des standards comme des chansons sans paroles, la voix mature de la chanteuse a une puissance facile et n’est jamais agressante. Minuano (P. Metheny), et sa chanson Tango accueillent entre elles une pièce de guitare solo, Influencia do Jazz (C. Lyra) où je me délecte de la virtuosité du brésilien. Les musiciens enchaînent avec Corcovado, dont Dianne savoure chaque mot, et Nine, autre composition de Reeves qui raconte ses souvenirs d’enfance.
La dernière chanson est All Blues, où Dianne Reeves nous fait encore cadeau de paroles improvisées. La foule apprécie son affirmation politique à l’égard du Canada et son appel à la paix et au respect mutuel. Plusieurs artistes américains que j’ai entendus ces derniers jours ont aussi élevé la voix et profité de leur vitrine pour faire une différence. Merci
Par pur hasard, j’étais assise ce soir-là juste à côté de nul autre que Stanley Péan. Lui avait vu Dianne Reeves chanter déjà plusieurs fois, alors que c’était ma première. Mais pas ma dernière, je l’espère.
Dianne Reeves @ Festival International de Jazz de Montréal
Dimanche le 29 juin 2025 @ la Maison symphonique
Charlotte Désilets : charlotte.desilets@gmail.com
La chanteuse de jazz et comédienne Charlotte Désilets nous raconte les passionnants concerts et ses rencontres avec les artistes de la grande famille du jazz.
photos : Victor Diaz Lamich
Makaya McCraven @ FIJM (27 juin) Charlotte a vu !
Samara Joy @ FIJM (28 juin) Charlotte a vu !
La 45e édition du Festival International de Jazz de Montréal se déroulera du 26 juin au 5 juillet 2025 au Quartier des spectacles.
Pour découvrir la programmation complète : montrealjazzfest.com
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Hommage à Oliver Jones avec Robi Botos, Taurey Butler et Lorraine Desmarais (16 juin 2023)