Bianca Rocha - Fim de Mondo le 26 nov 2024

Charlotte Desilets Primeurs 3 décembre 2024 | 0

Fim de Mundo de Bianca Rocha @ l'Outremont - Charlotte a vu!

Bianca Rocha est l’une des chanteuses les plus agiles que j’aie vue en personne à Montréal. C’est au Petit Outremont, mardi dernier le 26 novembre, que je l’ai entendue pour la première fois et son projet Fim de Mundo, car elle y inaugurait la série de concerts des Mardis Métissés du Théâtre Outremont, organisés par Vision Diversité pour donner de la visibilité aux artistes de la diversité culturelle.

Accompagnée d’un quatuor instrumental enflammé, Bianca Rocha présentait les chansons de son plus récent opus, Fim de Mundo, et plus. Dans chacune des pièces, elle interprète des textes sur les thèmes du féminisme et de la protection de l’environnement, et insiste que la “fin du monde” qu’on redoute est une constante opportunité de renouveau et d’unification, et un rappel de l’importance de célébrer les plaisirs de la vie.

La joie de Bianca Rocha

Tout le long du concert, la joie qui fend le visage de Bianca Rocha et soulève ses pommettes rebondies est transmise au public. Elle nous parle d’espoir, de courage pour faire face aux enjeux sociaux et climatiques dans le monde. Le seul fait de l’entendre nous présenter ses chansons d’un français blagueur, enrichi de ce charmant accent sud-brésilien, est un cadeau. Elle qui s’est installée à Montréal il y a juste cinq ans, non seulement Bianca nous joue-t-elle plusieurs compositions en français, mais aussi en italien, en espagnol, et bien sûr, en portugais.

Bossa nova, samba, milanga et chamamé jumelé à des sons tantôt rock, tantôt jazz

Interprétant des arrangements impeccables de Rodrigo Simoes, qui était à la basse lorsque Bianca a participé au Rendez-vous MUZ 2023, le groupe mélange les genres avec goût. Ils allient les rythmes brésiliens, latin et afro-cubains comme la bossa nova, la samba, le milanga et le chamamé à des sons tantôt rock, tantôt jazz. André Galamba, à la guitare et à la direction musicale, nous donne même un peu de “wawa”. Gabriel Schwartz reprend au saxophone et à la flûte des parties jouées sur l’album à la guitare, ce qui ajoute un côté lyrique et enveloppant. Erika Fogagnolo et Lara Klaus, sont respectivement à la basse électrique et à la batterie. Leur force tranquille fait ressortir encore davantage la chanteuse qui danse sans jamais paraître essoufflée.

Je suis percutée par sa voix lumineuse qu’elle laisse jaillir avec la liberté d’un enfant, et bien sûr celle d’une technicienne vocale chevronnée. Sa puissance vocale brute me fait penser à une reine du rock, et même que, avec les couplets étoffés et engagés qu’elle livre à la manière d’un rap chanté, elle me rappelle Dédé Fortin! Or, c’est l’influence des grandes chanteuses comme Rosa Passos et Olga Guillot qui transparaît dans le phrasé sensible et patient de Bianca lors des chansons plus calmes.

bandcamp

Elle revisite Charlie Parker et donne une nouvelle vie a Donna Lee

Admiratrice d’Esperanza Spalding, Bianca fait un clin d’œil à ses influences jazz en revisitant l’une des compositions du roi du bebop, Charlie Parker, dans le style de la danse brésilienne du frevo. Le quatuor interprète d’ailleurs un joli soli qui, avec cette instrumentation brésilienne, donne une nouvelle vie à la chanson Donna Lee.

Nous avons droit à une reprise festive d’une chanson de Djavan, ainsi qu’une version duo de Je pars à l’autre bout du monde (Paul Daraiche): les yeux de Bianca, qui baissent un instant à la mémoire du chemin qu’elle a parcouru pour se rendre devant nous ce soir-là, me donnent le frisson. Ces pièces témoignent aussi du bon rythme du spectacle.

Mon coup de cœur de la soirée – Lève la voix

Comme coup de cœur de la soirée, je tiens à mentionner la chanson Lève la voix, que Bianca a composée en français avec l’équipe de Vision Diversité, dont j’imagine l’hymne rassembleur animer les plus grandes foules. Je vous recommande aussi d’aller écouter la chanson Roda, composée avec Oonda et Sauce Piquante, qui est sortie cet été et qui saurait réchauffer n’importe quels petits pieds par une journée d’hiver.