Lors des 21 ans de sortiesJAZZnights, Pierre François fut en quelque sorte le pianiste en résidence. Celui qui assurait l’homogénéité de tous les invités. Et maintenant, nous découvrons le fruit de son travail du Pierre François Trio sur le magnifique 5 AM (et c’est un euphémisme) qui vient tout juste de voir le jour. Du talent oh que oui, et ce sentiment du devoir accompli avec ses deux comparses : le contrebassiste Rémi-Jean Leblanc et le batteur Rich Irwin.
5 AM – surprenant pianiste qui évoque autant Ahmad Jamal que John Lewis
Surprenant pianiste qui évoque autant Ahmad Jamal que John Lewis, l’un des pères fondateurs du Modern Jazz Quartet. Cultivant l’art du trio comme le fit si bien Nat King Cole ou Erroll Garner, Pierre François nous invite en première plage à ressusciter le Prelude Opus 28 No. 4, version jazz qui se situe tout à fait dans le courant de troisième voix dont John Lewis fut un des artisans. De la finesse, du touché à l’intériorité, qui n’est jamais lourde et oh combien poétique, nous savions sur-le-champ que le voyage musical serait bon.
There Had To Be A Reason – une émotion palpable au premier quart de tour
Certes au fil de l’écoute, nous ressentons bien la présence d’ECM, avec juste ce qu’il faut de modernité (entre autres pour la pièce Sun Sip), mais la fibre MJQ se fait nettement sentir tout comme l’influence Bill Evans dans une autre puissante composition tout en douceur : There Had To Be A Reason. Tout est de bout en bout détendu avec une imagination fertile ou l’émotion est palpable au premier quart de tour. Des parfums délicats de jazz qui oscille entre aujourd’hui et hier et plus encore, ce ciment entre les membres du trio. Tout un chacun se relance discrètement avec limpidité.
Prelude Opus 28 No. 4 / 5 AM / Sun Sip / There Had To Be A Reason / Serenity / Falling Grace / Shutdown Groove / Aisling / Into The Open
Falling Grace – le pianiste et ses complices brodent de délicieuses juxtapositions harmoniques
Et question swing, nos amis en connaissent un rayon. Sur ce qui pourrait passer pour une simple composition : Falling Grace, le pianiste et ses complices brodent de délicieuses juxtapositions harmoniques et chacun adapte son propos. Soulignons le travail du contrebassiste Rémi-Jean LeBlanc qui fait chanter son instrument, dans la mouvance Michel Donato ou Ray Brown. De l’élégance, du style et une note bleue éternelle.
Je pense loyalement que ces trois artilleurs viennent de signer l’un des plus beaux disques de l’année.
Pierre François Trio – 5 AM
Pierre François – piano et compos
Rémi-Jean LeBlanc – contrebasse
Rich Irwin – batterie
Sous la fine plume de notre plus fidèle chroniqueur, découvrez les meilleurs albums et livres jazz du Québec et de la planète. Christophe écrit également une chronique jazz a Ted Audio, une chronique classique a ludwig.com et est l’auteur du livre Les grands noms du jazz.
