
Avec sa pochette bariolée et le titre qui rappellent les belles années de Plume Latraverse, la nouveauté Vieux bougre (2025) de l’ensemble 5 for Trio ne se consigne pas dans la chanson française. Elle s’inscrit plutôt dans un jazz progressif et éclectique.
En 2014, lors de la sortie de leur premier album, Witness & Reactions (2024), nous avions exprimé notre enthousiasme pour leur travail, car il est de notre devoir de soutenir ces jeunes artistes sans être trop élogieux. En neuf plages costaudes, ce quartet formé du contrebassiste Matthieu Rancourt, du guitariste Sylvain St-Onge, du batteur Jean-François Gingras et du pianiste/claviériste Jérémie Hagen-Vielleux présente un paysage musical moderne, mais sans jamais sombrer dans le free jazz (c’est une autre histoire). Il y a même des effluves rock qui devraient séduire un vaste auditoire.
Aquafortiste
Aquafortiste ouvre le bal dans une galaxie relativement paisible, mettant en vedette le guitariste de Syvain St-Onge. On perçoit en arrière-plan l’influence de l’incontournable Pat Metheny, mais le quatuor puise aussi dans le rock/jazz des années 70, avec l’ajout du synthétiseur. On réfléchit à Styx et Supertramp avec ces envolées lyriques d’un autre temps.
Road To Nowhere
Avec Road To Nowhere, nous nous enfonçons dans des univers complexes qui évoquent des sonorités oniriques, point par point polies, comme une pierre destinée à devenir un pendentif. J’ai également pensé à Tubular Bells (Mike Oldfield) et à Serge Fiori, avec un clin d’œil à ce dernier, sans la voix. Tout est longuement mûri sans jamais chercher à copier les anciens.
Ivo
Dans Ivo, le changement de rythme est total, puisqu’on passe d’une note bleue fusionnée au macrocosme de Carlos Santana, période « Abraxas », mais sans son aspect latin. Sylvain St-Onge démontre une maîtrise impressionnante qui est tout sauf pédagogique. Ça sonne comme une tonne de brique.
Vieux bougre
Et Vieux bougre, il digère quoi comme orchestration ? En seulement deux minutes et quelques poussières, nous nous imprégnons d’une musique de documentaire, légère et éthérée, qui nous plonge dans l’existence de ce monsieur. C’est une prouesse remarquable.
En conclusion, nous vous laissons sur Planétisimal, une superbe balade qui n’a rien en commun avec le jazz, mais qui reflète bien la vision claire de ce groupe particulièrement inventif. Un très beau cadeau estival.
Aquafortiste / Casino / Les cendres / Destination / Road To Nowhere / Ivo / Naufragé de l’indicible / Vieux bougre / Planétésimal
Sylvain St-Onge – guitare
Mathieu Rancourt – contrebasse
Jean-François Gingras – batterie
Jérémie Hagen-Veilleux – piano/claviers
Sous la fine plume de notre plus fidèle chroniqueur, découvrez les meilleurs albums et livres jazz du Québec et de la planète. Christophe écrit également une chronique jazz a Ted Audio et La Métropole et est l’auteur du livre Les grands noms du jazz.